dimanche 29 mars 2009

Programme des prochains concerts

Claudio Monteverdi (1567-1643) – Aquilino Coppini ( ?-1629)
Gloria tua
Pulchrae sunt
Felle amaro
Ure me Domine

Guillaume Bouzignac (1587-c. 1643) : O mors
Etienne Moulinié (1599-1676) : Fulcite me floribus
Guillaume Bouzignac : Jesu ubertate

E. Moulinié : Benedictus
G. Bouzignac : Noe, noe

E. Moulinié : Ne reminiscaris
G. Bouzignac : Ego vox

E. Moulinié : O Salutaris
G. Bouzignac : Ecce festivitas
Jusqu’à la fin de la Renaissance, le motet reste stylistiquement proche de la messe polyphonique. Écrit pour des effectifs vocaux identiques, ces deux genres sont marqués par un même recours intensif aux artifices du contrepoint imitatif hérité des compositeurs franco-flamands, auxquels sont mêlés des figures inspirées par l’art oratoire. Pourtant, au même moment, les facteurs d’une progressive "autonomisation" du motet se multiplient. Dans les cours du nord de l’Italie s’élabore en effet une théorie de la déclamation en musique qui favorisera l’éclosion de la seconda prattica (seconde pratique) de Monteverdi et de ses contemporains. À partir du début du XVIIe siècle, chanter de la poésie – qu’elle soit profane dans le madrigal ou sacrée pour le motet – ne pourra désormais plus se faire dans l’ignorance des effets déclamatoires et expressifs de ce nouveau style. L’évolution du statut du texte de la messe va également accentuer le clivage : sa canonicité et son invariance favoriseront son traitement musical selon un style "intangible" (rapidement dit, celui de Palestrina), alors que le motet sera au contraire ouvert, tant sur le plan littéraire que musical, aux évolutions des goûts et des besoins de son temps.
Les motets proposés par l’ensemble Messa di voce illustrent parfaitement cette plongée du motet dans le courant des transformations de la musique "baroque". Ceux de Monteverdi sont, en fait, des madrigaux publiés par ce compositeur en 1605. Peu après, l’érudit milanais Aquilino Coppini fabriquera sur mesure des textes latins s’adaptant parfaitement à la musique de Monteverdi. Par ce biais, Coppini proposait de transposer à l’église la musique la plus moderne et, certainement, la plus fascinante du commencement du seicento. Moins programmatiques, les motets de Guillaume Bouzignac et Etienne Moulinié témoignent plutôt de l’évolution des usages des musiciens au service des cathédrales françaises à partir des années 1630. Si la polyphonie traditionnelle reste la base de leur savoir-faire, ces musiciens savent également avoir recours à la basse continue (c’est-à-dire l’accompagnement par l’orgue, alors peu connu en France) ou à l’alternance entre passages choraux et récits de solistes. Leurs motets deviennent alors des véritables "histoires" à raconter (la Nativité par exemple), ou bien restituent de manière vivante et contrastée les cantiques bibliques (le Benedictus), les textes habituellement associés à la dévotion mariale (le Cantique des cantiques) ainsi que ceux dédiés au Saint-Sacrement (O Salutaris).
En définitive, et chacun à leur manière, ces compositeurs témoignent de la plasticité du motet, ainsi que de sa capacité à répondre aux attentes esthétiques et spirituelles du catholicisme post-tridentin.